La laïcité en péril : réagir ou périr
Après s’être penché sur la situation française, quelques propos concernant celle en Belgique.
Écoles islamiques : la communautarisation de l’enseignement – Pacte unioniste pour l’École conviviale de demain
Questions contemporaines
(L’Harmattan)
Jean-Claude Laes, juriste-fiscaliste, professeur à l’Université libre de Bruxelles, vient de publier un essai aux Éditions L’Harmattan qui aborde un problème de plus en plus délicat, pour ne pas dire explosif : la communautarisation de l’enseignement belge.
Écoles islamiques : la communautarisation de l’enseignement – Pacte unioniste pour l’École conviviale de demain, est un ouvrage passablement argumenté, fort de quelque 460 références bibliographiques, de citations choisies, de remarques ciblées, dont celles du couple Badinter, d’Albert Camus, de constitutionalistes, dont Marc Uyttendaele, de la philosophe Nadia Geerts, également militante laïque et chroniqueuse à Marianne…, il s’articule autour de deux grands axes :
• De l’Édit de tolérance au délit d’intolérance : « Aucune liberté n’est jamais illimitée. Avec le retour du religieux, le moment semble venu de fixer des balises à la liberté religieuse. En demandant aux religions des accommodements raisonnables, plutôt que d’accepter l’inverse. Dont la tolérance. »
• Pacte unioniste pour l’École conviviale de demain : « Catholiques et laïques devraient s’unir pour éviter le développement d’un réseau d’écoles islamiques. Car une telle communautarisation de l’enseignement ne favorise pas le vivre-ensemble. Et si l’on osait enfin passer progressivement à une École conviviale pour tous ? »
Personnellement, je considère que le religieux relève strictement et intégralement du domaine privé, il n’y a donc pas d’ « accommodements raisonnables » à avoir en ce sens avec quelle que religion que ce soit : la tolérance ne doit pas devenir une sorte de compromis (voir le précédent numéro de Laïcité Magazine sur la séparation des Églises et de l’État, plus particulièrement le cas Cerexhe à Woluwe-Saint-Pierre).
Mais, on est en Belgique, pays des compromis en tous sens, par excellence.
Cependant, Jean-Claude Laes, grande expérience dans les arcanes du monde politique, admet ce principe de séparation, le revendique même, mais de manière moins radicale que moi, puisqu’il suggère « quelques pistes de réflexion pour le Constituant et le Législateur » dont celle de « réaffirmer plus clairement dans notre Constitution les principes fondamentaux de la primauté de la loi civile sur toute loi religieuse ».
Cet essai est donc particulièrement intéressant à lire dans la mesure où il reflète un avis ferme sur les principes et « modéré » (« politiquement correct », dirons-nous) quant à leurs réalisations concrètes, selon ma lecture.
L’auteur termine d’ailleurs en explicitant sa thèse par une citation de Nelson Mandela : « Le temps de combler les fossés qui nous séparent est venu. Le temps de construire ensemble est venu. »
Franc-Maçonnerie Magazine
(mai-juin 2024)
Franc-Maçonnerie Magazine de mai-juin 2024, ouvre ses colonnes au juge belge Michel Claise qui, sous le titre « Justice et démocratie sociale » présente sa sensibilisation à la lutte contre la criminalité financière : « Surnommé le ‘‘Shérif qui s’attaque au gratin’’ par France Info, il à cœur de mettre en pratique de spécifiques préceptes maçonniques : ‘‘Dis la vérité, pratique la justice, pense avec droiture’’.
La sensibilisation à la lutte contre la criminalité financière menée par Michel Claise à l’échelon international, va au-delà de sa profession, puisqu’il se veut être omniprésent dans la société et, même, en Loge avec un morceau d’architecture intitulé « Le délitement de la démocratie sociale ».
« Je me suis dévoilé car il n’y a aucune raison à ne pas le faire. Il faut être clair ! »
Formateur à l’université de Strasbourg et à l’école de la magistrature française, professeur en droit pénal financier en Belgique, orateur à La Haye au Forum Tax Crime Meeting de l’OECD, il a instruit des dossiers aussi épineux que dangereux, tels ceux des Kazakhgate, Footgate et Qatargate.
Pour ce dernier, affaire de corruption présumée au sein du Parlement européen, il plaça en détention durant des mois, Éva Kaïli, eurodéputée et vice-présidente dudit Parlement, des sacs d’argent en liquide pour environ 600 000 euros étant retrouvés à son domicile bruxellois, entre autres.
Incarcérée puis détenue sous surveillance électronique, elle est accusée d’organisation criminelle, de blanchiment d’argent et de corruption.
Dans tout ce contexte, Michel Claise déclara aussi : « Je suis un très profond laïque, et il ne faut surtout pas confondre religion et spiritualité. Il n’est pas question de rejet de la religion dans la laïcité, mais, sans conteste, cette dernière est le plus beau et le plus pur des mouvements démocratiques. »
Le Soir
(20 et 21 avril 2024)
Lire ou élire Rousseau ? titra le chroniqueur Alain Berenboom au sujet du retour, très rapide, de Conner Rousseau (Vooruit) en politique après en avoir été exclu un (strict minimum de) temps pour insultes raciales dans un état de soulographie avancée à l’encontre des tziganes.
Car, élections obligent, les socio-démocrates (ex-socialistes) ne s’embarrassent guère de considérations éthiques. De quoi se faire retourner dans leurs tombes Émile Vandervelde et André Renard.
Et le chroniqueur de rappeler judicieusement cette phrase de Jean-Jacques Rousseau aux caciques politiciens : « Qui croit devoir fermer les yeux sur quelque chose se voit bientôt forcé de les fermer sur tout. »
Le bad boy (ça passe mieux que de rappeler son attitude raciste et méprisante) revient à ce qu’il adore, conclut Alain Berenboom : jouer avec les réseaux sociaux, prouver qu’il est le plus hype des politiciens, faire le clown dans des émissions de variétés…
Ainsi va la vie politicienne belge.