Tous égaux dans le sport
Tous égaux dans le sport …
L’important c’est de participer…
Participer certes mais pas seulement…
Inégalités de salaire, de traitement, invisibilité, …pour certains ; fortune, flashs, hôtels de luxe, voyages en première classe, … pour d’autres
C’est souvent ça le sport de haut niveau ! des exceptions ? il y en a … quelques-unes
A la veille d’une nouvelle édition des Jeux olympiques, il est intéressant de s’intéresser à la place qu’occupe la femme dans le sport, quelle est celles des personnes non ou moins valides, qu’en est-il de l’homophobie, des transsexuels ? Et le racisme ?
Mais c’est quoi discriminer ?
Lorsqu’une différenciation est fondée sur des critères illégitimes, on parle de discrimination. Le sport serait-il discriminant ?
En organisant des épreuves sélectives et éliminatoires, en établissant des classements, en séparant hommes et femmes, en instaurant des catégories d’âge et de poids, le sport de compétition pourrait, pour ces raisons, paraître discriminant. Cependant, il n’en est rien dans ces cas puisque des critères objectifs sont définis pour les sélections tandis que les catégories ne visent qu’à équilibrer les épreuves dans l’intérêt même des sportifs.
Toute autre forme ou motif de discrimination est, comme dans tous les domaines, banni dans le sport car considéré comme un délit.
Néanmoins, des discriminations, il y en a dans le monde du sport et non des moindres !
A l’égard des femmes…
Comme dans le monde du travail, les femmes sont la plupart du temps les parentes pauvres du sport, entendons pauvres au sens premier du terme. Pauvres en termes financiers, pauvres en visibilité, …
Il n’est pas nécessaire de faire des études comparatives des salaires des sportifs pour constater que ceux des femmes, encore faut-il qu’elles en perçoivent, sont nettement inférieurs à ceux de leurs homologues masculins.
Ainsi, la mieux payée des dix premières joueuses de football au niveau mondial perçoit 480.000 euros bruts par an là où Christiano Ronaldo se voit attribuer 205 millions, Karim Benzema 200 millions et Neymar un peu plus de 150 millions auxquels il faut ajouter divers avantages en nature tels que montres de luxe, voitures de sport, … et recettes de la publicité. Quant au moins bien nanti parmi les 10 joueurs masculins, son petit salaire ne s’élève qu’à …39 millions euros, une misère …
Plus anecdotique peut-être mais lourd de sens: lors d’un championnat international de pétanque organisé dans le sud de la France et rassemblant des équipes venues de toute l’Europe, le vainqueur mâle de la compétition se voyait remettre 30.000 euros tandis que la gagnante, elle, devait se contenter de la modique somme de 3.000 euros, soit à peine un dixième de la récompense du compétiteur masculin. Même sport, même lieu, même public mais une rémunération outrancièrement différente que rien ne justifie.
Des salaires bas ou inexistants font que la plupart des sportives sont obligées de conserver une activité professionnelle qui ne leur permet de s’entraîner qu’en dehors de leurs heures de travail.
Lorsque ces messieurs voyagent en business et logent dans des hôtels aux multiples étoiles, les dames elles, ont droit à la classe économique et à des hôtels de standing inférieur.
Certains, ils sont rares, réagissent de manière radicale à ces injustices. C’est le cas du gouvernement australien qui, peu de temps avant les jeux olympiques de Rio qui se déroulèrent 2016 et profondément choqué par les injustices dont sont victimes les femmes, a mis en demeure 30 fédérations de mettre un terme à ces inégalités, faute de quoi, leurs subventions seraient réduites. La ministre des sports et le président de la commission des sports s’exprimaient en ces termes : Nous ne voyons aucun argument recevable pour justifier qu’en 2016, sportives et sportifs voyagent dans des classes différentes et logent dans des hôtels de standing différent lors des grandes compétitions internationales.
Sport pour qui ?
Lorsque les premiers jeux olympiques modernes ont été organisés, les femmes n’y étaient pas admises, Pierre de Coubertin n’aimait pas les sportives, il les trouvait « de mauvais goût »[1]
L’important c’est de participer… si on est un homme !
Il faut savoir que longtemps – les hommes savent pourquoi – le football fut interdit aux femmes sous prétexte que ce sport ne leur serait pas adapté et que des sanctions étaient prononcées par l’Association Royale belge de Football à l’encontre de responsables de clubs qui oseraient prêter leur terrain à des joueuses (peur qu’elles n’abîment les beaux gazons avec leurs talons aiguille ?)[2]
Il faudra attendre 1972 et la participation héroïque de la coureuse Kathrine Switzer au marathon de Boston en 1967 pour que les femmes aient le droit de courir aux côtés des hommes et 1984 pour que la discipline soit inscrite tableau des J.O pour les femmes.[3]
Les sportives, ces oubliées des médias…
Une rémunération moindre mais aussi une visibilité très réduite.
Le sport est donc une affaire d’hommes. Le foot, le cyclisme perçus comme essentiellement masculins reçoivent une importante couverture médiatique. Le patinage artistique, la natation synchronisée, la gymnastique rythmique, sports dits féminins, ne méritent pas autant d’attention.
Au niveau mondial, la présence des femmes dans les médias varie entre 3 et 10% selon les pays. Lorsqu’elles y apparaissent, une étude de l’université de Cambridge révèle que leur vie privée, leur tenue de préférence sexy ou leur morphologie intéresse davantage les journalistes que leurs exploits sportifs.[4]
Il convient d’adjoindre l’adjectif « féminin »pour qualifier le foot ou le cyclisme pratiqués par des femmes tandis qu’il suffira de dire cyclisme ou football pour que chacun comprenne qu’on parle des messieurs.
Nul ne peut ignorer, mème s’il le voulait, que l’Euro de football se déroulera à partir du 14 juin en Allemagne.
Un même championnat « féminin » de niveau européen aura lieu. A quelle date ? En quel lieu ? La plupart des gens n’en ont pas la moindre idée.
Quant au Tour de France cycliste, une fois encore, ce sont les coureurs qui sont mis à l’avant-plan – tandis que les femmes – la plupart des gens citeraient difficilement ne serait-ce que le nom d’une seule coureuse – sont laissées dans l’ombre et pourtant, elles pédalent avec la même endurance, avec la même détermination pour atteindre la victoire. Leur Tour débutera le 12 août. gageons que la couverture médiatique de cet évènement n’aura pas l’ampleur que celle accordée au Tour masculin.
Si les tenniswomen ont droit aujourd’hui aux retransmissions télévisées de leurs exploits et bénéficient d’une rémunération plus que confortable lorsqu’elles remportent des victoires, ce sont toujours les matches des messieurs qui ont le privilège de clôturer les tournois comme si leur apothéose ne pouvait appartenir qu’à la gent masculine.
Et le sexisme ?
Plus graves que l’invisibilité ou les inégalités financières, ce sont les nombreux comportements sexistes dont sont victimes les sportives allant de l’exigence d’une tenue « sexy » pour les gymnastes – c’est plus joli sur les photos – , aux maillots échancrés des joueuses de beach volley, aux violences sexuelles en passant par l’interdiction de certains sports.
L’ex-président de la FIFA, Sepp Blatter, déclarait que « les footballeuses devraient porter des shorts plus serrés ».
Les joueuses de beach volley jouent en bikini, ce qui en fait un sport « sexy »!
Les infrastructures sportives destinées aux femmes sont souvent moins bien équipées et l’encadrement des jeunes filles est bien davantage soumis à des impératifs financiers.
Le sport est recommandé pour garder une bonne santé. Cependant, les femmes ne sont que 30% à fréquenter les salles de sport, encore trop occupées par les tâches ménagères, les enfants,… qu’elles assument souvent après leur journée de travail.
Moins de femmes dans les salles de sport mais aussi moins de femmes dans les organes dirigeants des fédérations sportives, elles sont à peine 14% en Europe à occuper un poste de direction[5].
De même, peu de journalistes sportives. On les croit incompétentes. De quel droit se permettent-elles de vouloir commenter un sport aussi masculin que le foot ?
Violences sexuelles, me too et la libération de la parole
Davantage que les garçons, les filles subissent des violences à caractère sexuel bien souvent de la part de ceux qui ont autorité sur elles.
Il y a peu, aux États-Unis un pseudo traitement sous forme d’abus sexuel a été infligé à des jeunes gymnastes par leur entraîneur. Pas question de se plaindre, un ticket pour les JO en échange de leur silence.
Rappelons-nous aussi les nageuses est-allemandes dopées à la testostérone, les gymnastes mises enceintes et avortées afin d’améliorer leurs performances.
Abus sexuels mais aussi pressions, intimidations, humiliations comme méthodes de management, rien n’est épargné à de nombreuses jeunes sportives.
Bien davantage que les hommes, c’est d’une volonté de fer, d’une ténacité de tous les instants et d’une organisation sans faille leur permettant de combiner vie de famille, vie professionnelle et exercice de leur sport dont les femmes ont besoin pour atteindre les plus hauts niveaux.
Les femmes ne sont pas les seules à subir des discriminations
Handisport
Les sportifs moins ou non valides, malgré leurs exploits extraordinaires, sont moins mis à l’honneur que les valides. Leurs performances intéressent moins voire pas du tout.
Et pourtant !
Des non-voyants dévalent des pistes de ski à plus de 150 km/h guidés par la seule voix d’un accompagnateur tout comme d’autres les descendent appareillés d’une prothèse de jambe. Voilà des prouesses exceptionnelles accomplies par ces sportifs de l’ombre!
Les jeux paralympiques sont loin de connaître l’engouement des JO des personnes valides. Ils débutent lorsque ces derniers ont pris fin et que l’attention du public est arrivée à saturation. Il faut dire que cette attention a été particulièrement sollicitée : euro de foot, tour de France (après ceux d’Espagne et d’Italie), tournois de tennis (Roland-Garros, Wimbledon,…), jeux olympiques…largement diffusés sur toutes les chaînes de radio, télé, et autres médias (tant pis pour ceux qui n’aiment pas le sport !)
Il y a aussi un tournoi de tennis à Roland-Garros qui accueille des personnes en chaises, hommes et femmes,… en toute discrétion !
Racisme
Les différences de traitement entre hommes et femmes et entre valides et non-valides ne sont pas les seuls fléaux qui entachent le sport. Le racisme en est un autre.
Le sport peut être un outil puissant pour la promotion de la cohésion sociale et la transmission des valeurs importantes telles que le fair-play, le respect mutuel et la tolérance, mais il peut également être un environnement où le racisme et la discrimination raciale se développent.[6]
Lors des Jeux olympiques de 1968 qui se déroulèrent à Mexico, deux athlètes afro-américains sur le podium grâce à leurs médailles d’or pour l’un et de bronze pour l’autre, lèvent le poing vers le ciel en guise de protestation contre le racisme. Ce geste leur vaudra d’être renvoyés de l’équipe olympique américaine au motif qu’il est interdit de « faire de la politique » durant la cérémonie de remise des prix ».
En réalité, cette sanction fut prononcée bien davantage en raison de leur couleur de peau que pour leur geste contestataire repris depuis à de nombreuses reprises par d’autres sportifs.
Il faudra attendre la présidence de Barak Obama pour redonner leur dignité de sportifs à ces athlètes.
Le football est particulièrement touché par les actes et insultes racistes. Des groupes de supporters organisés sur le modèle des hooligans anglais avec toutes les dérives qui en découlent comme des actes de violence, saluts nazis, comportements racistes vis-à-vis des joueurs noirs principalement avec des jets de bananes, des mimiques de singes, gangrènent les tribunes de nombreux stades.
Les supporters ne sont pas les seuls à franchir les lignes. Jean-Marie Le Pen, leader d’extrême-droite et président de ce qui était encore le Front National (FN), plutôt que de se réjouir des victoires qu’ils offraient au pays, déclarait qu’il y avait trop de joueurs « colorés » dans l’équipe de France. Peut-être n’avait-il plus en tête que nombre de leurs « colonies » anciennes et actuelles sont peuplées de Français noirs!
La Commission européenne s’est emparée de cette question en instituant l’ECRI (Europe contre le racisme et l’intolérance) .
Quatre recommandations sont formulées:
1. Adopter et appliquer une législation antidiscriminatoire garantissant l’accès de tous au sport et incriminant les actes racistes
2. Former des coalitions contre le racisme dans le sport
3. Former la police à repérer et à traiter les incidents racistes dans le sport
4. Sensibiliser au racisme et à la discrimination raciale dans le sport[7]
Les Etats sont vivement encouragés à faire de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, une priorité.
Questions de genre, faut-il interdire la participation des athlètes transgenres ?
La question se pose essentiellement en ce qui concerne les hommes ayant effectué leur transition. Devenus femmes, certains voudraient leur interdire de concourir dans cette catégorie au motif que la testostérone augmenterait leur masse musculaire et leur puissance et leur procurerait un avantage certain.
La fédération internationale de natation, sur base de ces suspicions, a décidé d’exclure les femmes transgenres si elles n’ont pas subi de traitement annihilant les effets de la testostérone avant l’âge de 12 ans, la fédération internationale d’athlétisme a fait de même en 2023 pour les sportives qui « ont vécu une puberté masculine ».[8]
Caster Semenya, une femme atteinte d’hyperandrogénie, a été exclue des compétitions par la fédération internationale d’athlétisme tant qu’elle ne suivrait pas un traitement en vue de faire descendre son taux de testostérone. Voilà donc une femme sanctionnée pour une particularité physique !
Interdira-t-on un jour à un homme aux trop grandes jambes de participer à des courses ? à un joueur de trop grande taille de participer à des matches de basket ? Un cœur qui bat mois vite et c’est plus d’endurance pour la pratique de certains sports. Tout sportif présentant des caractéristiques physiques trop favorables devrait donc être interdit de participation.
Il ne semble pas que ces options soient envisagées pour ces messieurs
L’important est donc de participer … mais mieux vaut, si on est une femme, une personne moins valide, transgenre ou à la peau colorée s’attendre, dans beaucoup de sports, à subir des discriminations et à devoir lever le poing en signe de protestation !
- https://fr.campagnerosa.be/dossiers/17437-le-sexisme-dans-le-sport ↑
- https://fr.campagnerosa.be/dossiers/17437-le-sexisme-dans-le-sport#:~:text=Le%20sexisme%20dans%20le%20sport%20pr%C3%A9sente%20de%20nombreux%20aspects.,%2C%20de%20financement%2C… ↑
- https://fr.campagnerosa.be/dossiers/17437-le-sexisme-dans-le-sport ↑
- idem ↑
- https://fr.campagnerosa.be/dossiers/17437-le-sexisme-dans-le-sport ↑
- https://rm.coe.int/recommandation-de-politique-generale-de-l-ecri-no-12-points-principaux/16808d28f5 ↑
- https://rm.coe.int/recommandation-de-politique-generale-de-l-ecri-no-12-points-principaux/16808d28f5 ↑
- https://www.moustique.be/actu/sport/2023/04/23/les-femmes-trans-athletes-sont-elles-vraiment-avantagees-260791 ↑
Auteur/autrice
Patricia Keimeul
24/07/24
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